vendredi 23 septembre 2022

RWANDA - pays du vélo, des 1000 collines et de la mémoire.

 Avant propos :

Mise à jour des photos du RWANDA dans le lien : Photos du RWANDA

Mise en place d'un traceur sur la carte : Cliquer sur POLARSTEP, ici ou dans la barre de menu.

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J’ai traversé le Rwanda assez rapidement, en une semaine tout juste. Il faut dire que le pays n’est pas très grand. Il me faut juste 2 jours pour rejoindre la capitale Kigali, puis 2 jours pour la quitter jusqu’à la Frontière Tanzanie, et j’ajoute 4 jours à Kigali pour la visite du mémorial du génocide (j’y reviens), et faire les formalités de visa pour le Burundi qui finalement n’aboutiront pas car la frontière terrestre Rwanda-Burundi est fermée, et il faut un laisser-passer à demander à Bujumbura. (Trop compliqué, trop long, trop couteux). Je passerai par la Tanzanie, pour rejoindre la Zambie.

La route de la frontière Ougandaise à la capitale n’était pas très agréable sur le plan de l’accueil des locaux. C’est la route touristique des gorilles, je croise nombre de 4x4 qui vont vers les forets aux croisements des 3 pays, RDC-Ouganda-Rwanda. Malheureusement, trop de touristes ont habitués les locaux à recevoir bonbons, argents, stylos, … j’ai droit à ces demandes tous les 50m, des gamins de 7 ans à la grand-mère de 77 ans. C’est déjà ce que j’avais constaté, sur la même route touristique des gorilles, coté Ouganda entre Kibale et Kisoro. Ça marque l’impact que nous (touristes) imprimons sur la vie locale. D’un autre côté, je les comprends puisque ça marche parfois. Dans un lodge, j’ai vu un couple d’allemands donner des billets à 3 enfants avec qui, ils ont échangé 3 min et poser 3 photos … malheureusement ça n’incite pas les enfants à poursuivre l’école, alors que l’argent des touristes est à portée de main, et facile à gagner.
A chacun, sa responsabilité !


KIGALI

Le séjour à Kigali et au Rwanda est marqué forcement par l’histoire du Génocide des Tutsis de 1994. A Kigali, 3 visites marquantes : Le mémorial, le camp Kigali, et le musée de la « Campagne contre le Génocide »

Visite du MEMORIAL du Génocide TUTSI à KIGALI.

J’étais prévenu qu’il fallait avoir le cœur bien accroché pour venir visiter le mémorial du Génocide. Je le confirme bien.
Cette visite est forte en émotion. Une visite riche en enseignement sur ce l’homme peut faire comme atrocités et pousser l’horreur au-delà du pensable.
Ce n’est pas un musée, mais bien un mémorial qui est là pour aider au travail de mémoire, de réconciliation du peuple rwandais, et rendre hommage aux victimes.
Dans le bâtiment central, Il y a une exposition permanente de photos, de récits et de montages vidéo reprenant l’histoire du pays, l’origine de la différenciation entre Tutsi et Hutu, les évènements du génocide avec des images d’horreur, et un hommage aux victimes.

La visite se poursuit à l’étage par une présentation des autres génocides perpétrés au 20eme siècle à travers le monde, parce que malheureusement il n’y a pas que le Génocide Tutsi dans notre histoire contemporaine.
Et enfin, la dernière salle est la « childrens’ room", où une vingtaine de portraits d’enfants, âgés de quelques mois à une dizaines d’année, sont présentés en détaillant leur personnalité (ce qu’ils aimaient, leur scolarité, leur vie d’enfants insouciants) et expliquer comment ils ont été tués lors du génocide (matraque, machette, fusils, frappés à mort, …) et parfois exécutés sous le regard ou dans les bras de leurs parents … et certains adultes sont enterrés vivants.

La visite se poursuit dans les jardins pour se recueillir sur les tombes communes, où sont enterrés. 250 000 victimes, sur une estimation de 1 Millions de victimes au total. Ces victimes proviennent des différents charniers et fosses communes retrouvés dans le pays, soit par des recherches poussées, soit sur témoignages de génocidaires repentis qui en échangent de remise de peine témoignent et aident ainsi à retrouver les victimes.

Cette visite du mémorial vaut à elle seule le passage au Rwanda. J’ai pris mon temps (4h) pour cette visite, pour lire et écouter les différents témoignages très forts qui sont présentés dans les vidéos. Le fait que ce génocide date de moins de 30 ans, il y a beaucoup de témoignages vidéo et de photos.
Je ne détaille pas ce que j’ai vu et intégré, car je ne saurai pas le retranscrire assez bien. Et je laisse à chacun de se documenter sur ce génocide et pourquoi pas venir visiter ce mémorial.
Lors de ma visite, j’ai vu quelques personnes avec des corbeilles de fleurs, venir se recueillir, se souvenir des proches, se prendre dans les bras et trouver la force de faire leur deuil, même 30 ans plus tard.


D'autres mémoriels existent dans l'ensemble du pays, que j'ai pu voir sur les routes ou encore devant les immeubles de banque et entreprises de KIGALI.
 
CAMP KIGALI

La veille, j’avais visite aussi un autre lieu fort du Génocide TUTSI qui est le CAMP KIGALI, où dans la nuit qui a suivi l’attentat de l’avion du président, 12 soldats belges ont été tués ainsi que la 1ere ministre. C’est les 1eres heures du coup d’état, la prise en main du pays par les Génocidaires qui déroulent leur plan macabre dès les 1eres heures du matin, en plaçant des contrôles routiers et exécutent sur le champ tous ceux qui présentent une carte d’identité mentionnant « tribu TUSTSI ».
Nota : Lire le "contexte" dans les Pièces jointes.

« Musée sur la "campagne contre le Génocide »

Avant de quitter Kigali, visite du musée ... il présente la bataille du contre-pouvoir qui a permis de libérer le pays des génocidaires.

Autant dire que l'armée Française en prend pour son grade … photos à l'appui !!! En premier, on a fourni les armes et formé l’armée gouvernementale avant le coup d’état, alors que beaucoup d’instance avait informé la communauté internationale et l’ONU, du projet de génocide.

Mais, il y a surtout la controversée « Opération Turquoise ». Sous mandat de l’ONU, l’armée française a neutralisé la zone frontalière du ZAIRE (Ex. RD.Congo) en zone de non-guerre … mais cela a surtout permis à tous les Génocidaires (généraux, soldats, miliciens) de fuir au ZAIRE facilement avec l’idée de se renforcer et revenir finir le Génocide, et c’est là actuellement la controverse si l’armée française l’a fait délibérément (pour aider d’anciens « alliés-clients ») ou naïvement (respect strict du mandat de l’ONU). Les historiens et experts travaillent dessus, et ont fourni un rapport référence (Commission Duclert) au Président MACRON avant sa visite à Kigali en 2021. (Réf. Discours : « Je viens reconnaître nos responsabilités » …)

Pour le reste, KIGALI est une ville surprenante. Très propre avec une armée de nettoyeur, des buildings archi-moderne, des centres commerciaux, quartier pietons avec espaces verts, bancs publics, et peu de bruits !! Assez déconcernant après toutes les villes et capitales africaines que j'ai pû visiter.


Avant de basculer en Tanzanie, c’est un dernier clin d'Oeil aux rois de la Routes. Le sport national est de faire un « Tire-vélo » derrière les camions dans les montées.

Il faut aussi voir ce qu'ils peuvent embarquer comme charge sur leur porte-bagage. L'effort déployé dans la montée, et faire ensuite la descente à tombeau ouvert !!!



PHRASE du MOMENT. et forcément une phrase de la visite du Mémorial :

"Ils n'ont pas épargnés les innocents"


VIDEOS du MOMENTS
Les descentes des cyclos rwandais, à toute vitesse. Il faut avoir confiance dans le pilote et par chance les routes sont super bonnes !!!
Ils transportent de tout ! Y compris une armoire, en descente et avec la prise au vent. 
Chapeaux ! 
 

mercredi 7 septembre 2022

Ouganda - 50 nuances de vert

 Avant propos :

Mise à jour des photos du Ouganda dans le lien : Photos de l'OUGANDA

Mise en place d'un traceur sur la carte : Cliquer sur POLARSTEP, ici ou dans la barre de menu.

Dès l’entrée en Ouganda, je rencontre Harmony et Simon, qui sont 2 cyclo-voyageurs dans l’Est Africain pour 6mois. On passe une belle soirée ensemble, à parler de vélo, mais pas que cela.

Puis je trace vers Kampala, sur une route à grosse circulation de bus, de camion et de voitures et à grandes vitesses. Pas chouette et pas trop « safe » non plus. Il me faut me coller sur le bas-côté de la route, voire carrément sur la terre ou l’herbe du fossé.

Arrivé vivant (!!!) à Kampala, je fais quelques achats pour préparer mon séjour au pensionnat de Kagadi dans les grands bazars et supermarché de l’hyper centre archibondé et qui grouille de partout (crayons, carte mapMonde, bonbons, …). Je reste juste 3 jours à Kampala, peu d’envie d’y prolonger mon séjour car peu de chose qui me motive à rester.

Je descends sur Entebbe, où Frédéric et Nina m’accueillent. J’ai rencontré Frédéric dans un festival voyageur à vélo (Cyclo-Camping-International), il avait traversé l’Afrique en Trike (vélo semi-couché à 3 roues) en 2015-16. (réf. AFRIKA TRIKE). On a gardé contact via les réseaux et avec le plaisir de se revoir ici en Ouganda quelques années plus tard. Ils sont installés à Entebbe et proposent des tours organisés (à la carte) en Ouganda. (contact : ----).

Je monte sur Kagadi. J’étais venu ici en 2013, présenté par Matthias un ami allemand. J’avais séjourné une semaine pour diriger et encadrer les travaux de rénovations de certains équipements. C’est à cette association « Uganda Hilfe » qui gère ce pensionnat, que j’ai reversé les ventes de DVD de mon film « Afric’à vélo ». Et encore une nouvelle fois, un grand Merci, à tous ceux et celles qui ont contribué à ce financement.

Ce pensionnat permet aux enfants qui habitent loin en brousse, de séjourner à Kagadi sans faire de longs trajets quotidiens à pied pour les encourager (ainsi que leur parents) à suivre l’école. Par ailleurs, l’association aide et finance l’accès aux cours. C’est aussi une façon de réduire l’écart d’accès à l’école entre le monde rural et celui des villes.

Evidement et naturellement je reviens ici à Kagadi, pendant ce nouveau tour d’Afrique. Et c’est une nouvelle fois, une semaine pleine d’émotion.

J’ai pour mission d'assister la rénovation des équipements, à faire avant la rentrée scolaire qui aura lieu le 05 septembre et après 2 années de COVID où peu de choses ont été entretenus : le système d’eau (gouttières, citernes d’eau, robinets, salle de bain, …), les panneaux solaires (batteries, régulateurs, …) , et apporter d’autres fournitures scolaires et de loisirs.


La semaine fut dense mais fructueuse. Matthias m’a transféré l’argent via Western Union pour engager les travaux.

Lundi : prise de contact, état des lieux et des besoins,

Mardi : achat des fournitures et contact avec les artisans,

Mercredi et Jeudi : actions et réparations,

et enfin vendredi un peu de détente avant de repartir le samedi matin.

J’ai retrouvé une partie des équipes. Victor le « patron » (l’intendant), John le technicien, Patricia une des 3 cuisinières, et bien sûr le père Augustin qui est mon contact sur place et celui de l’association. Et Teddy, La « Matronne » (l’intendante) et 2 nouvelles cuisinières complètent l’équipe.

Quel plaisir d’avoir séjourné pendant la semaine et de vivre intensément ces moments au cœur du pensionnat. C’est aussi l’occasion de découvrir les codes sociaux internes au pensionnat et plus globalement de la société Ougandaise, et apprendre également à interpréter les problèmes et la notion de temps, tout en faisant avancer les travaux dans le calme africain et sans heurter les esprits. Une leçon de vie et de pragmatisme !!! et finalement, tout s’est bien déroulé … et dans un temps record.

Seule déception de cette semaine, peu d’enfant présents. La rentrée a lieu le 05 sept, et seuls les ainés étaient présents (Nbre.12). Le pensionnat semblait presque endormi, mais on peut compter sur l’énergie de la petit Fiona pour animer les journées.

Au-delà de mon retour au pensionnat, c’est aussi le retour à KAGADI. Je n’ai rien reconnu, tout simplement !!! En 2013, j’avais quitté, un gros village avec ses rues en terre battue avec 200km de piste pour y accéder et repartir. Aujourd’hui ce sont des routes neuves qui m’y amènent, je trouve de larges avenues bitumées avec des trottoirs, un énorme rond-point à l’entrée de la ville, de nouvelles églises, des banques et des ATM, des superettes, des stations essences, et les boutiques en briques ont remplacées les baraquements en bois et tôles ondulées, … bref, une telle transformation est incroyable, en à peine 9 ans. Stupéfait !!! à se faire tomber du vélo … !!!

Je quitte Kagadi et le Pensionnat, après une semaine passée si vite et avec un pincement au cœur, à savoir si je reviendrai. Oui, je l’espère, mais quand et voir quels changements et qui (des élèves et des encadrants) sera encore présents

Je repars de Kagadi, en compagnie de Jules. Jeune cyclo-voyageur français, rencontré il y a 3 semaines du côté de Jinja à l’autre bout de l’Ouganda. Il a fait le tour par le nord, et il a vu sur mon Polarstep que j’étais à Kagadi, et lui à 20km de là. Il m’a rejoint au Pensionnat pour le dernier jour.

On a pris la route ensemble pour du SAFARI-VELO !

On a traversé la forêt de Kibale … 3 fois !!! et à la 3eme fois, on a vu des chimpanzés dans les arbres, en bord de route … chanceaux, très chanceux. On s’est arrêté, observé, photographié tranquillement, sans les effrayer. Nous avons aussi croisé plusieurs familles de babouins au bord de la route, qui attendent les offrandes des automobilistes … et malins comme des singes, ils s’installent aux niveaux des vibreurs et ralentisseurs pour mieux assurer leurs quêtes.

On descend vers le sud, Jules se dirige vers les Montagnes de Rwenzori, puis il va faire un séjour de woofing, réservé depuis quelques jours. Moi, je trace vers le parc Queen Elisabeth, et je poursuis mon Safari-Vélo !!! Je peux voir beaucoup d’animaux et assez facilement, en restant assis sur la selle de mon vélo : Antilope (Impala), Phacochère, Eléphant, Rhinocéros, Buffles, Waterbuck, Babouins, … C’est la chance en Ouganda, on peut traverser certains parcs à vélo, d’ailleurs je croise quelques locaux qui le font quotidiennement.

Je me suis quand même fait une frayeur. A quelques kilomètres de sortir du parc, je vois un bel éléphant à 70-80m du bord de la route. Je pense pouvoir le photographier assez tranquillement et repère une ouverture dans la végétation à quelques 10m devant moi. Je ralentis doucement … sauf qu’il y a un 2eme éléphant juste derrière le bosquet, de l’autre côté du fossé, on est à 5-7m d’écart. Là, c’est impressionnant de voir un éléphant d’aussi près … c’est gros et c’est haut !!! (6Tonnes et 3 mètres). Lui, avait dû me repérer depuis quelques minutes, et commençait à sentir une menace et à s’agiter, et moi j’ai aussitôt remis la patate sur les pédales, m’éloigner de 30-40m, mais en me retournant je le vois déjà sur la route et lancer sa course dans ma direction … 2eme accélération, grand plateau et à fond !!! un coup d’œil dans le rétro et je vois qu’il a coupé sa course, je me retourne à nouveau et il traverse la route puis s’en va !!! Ouffffff …. Belle montée d’adrénaline … Et quelques km plus loin, j’entends le craquement de branches juste à côté de la route. Un autre éléphant se dirige visiblement vers la route … nouvelle montée d’adrénaline et j’accélère à nouveau !!!

Une fois sorti du parc, j’attaque la région des Milles collines, en direction de Kabale et du lac Bunyonyi. Les paysages sont magnifiques entre vallées encaissées, plantations de thé aux 50 nuances de vert, et la traversée des petits villages de montagnes … mais sans surprise, ça grimpe fort … très fort, et j’ai gardé quelques souvenirs de 2013 qui ne s’oublient pas !!! Une première belle journée à ~70km, à 2000m de D+, 8h00 de vélo à 8km/h en poussant le vélo dans les gros pourcentages de pente sur une piste bien difficile (sable, gravier et cailloux) … une belle mise en bouche avant les montagnes du Rwanda qui m’attendent la semaine prochaine.



Après ces 2 dernières semaines, marquées par toutes ces émotions et ces efforts, je me repose à Kabale. Et chouette hasard et facilité d’échanger et garder le contact avec l’accès internet quasi-partout, je revois le temps d’un café, Frédéric et Nina qui sont en Tour-Guidé dans le coin.

Je me dirige vers le Rwanda en prenant la piste de montagne et celle au bord du lac Bunyonyi. Encore une belle épreuve de D+2000 et 70km !!! Je fais la grande descente qui plonge sur KISORO. En 2013, je l’avais montée. Sans nul doute, dans le TOP 10 des ascensions les plus longues et difficiles que j’ai pû faire, tous voyages confondus. !!! C’est vrai qu’en descendant, on souffre moins. C’est quand même plus facile.

Me voilà au Rwanda. J’ai passé la frontière sans me faire recaler cette fois-ci. En 2013, j’avais mal interprété les infos sur l’obtention d’un visa directement à la frontière qui finalement n’était pas possible. Cette année, j’ai le visa EAST-AFRICA qui permet de passer le Kenya-Ouganda-Rwanda avec un seul visa commun. Et donc, me voici au Rwanda, heureux de découvrir ce pays qui m’avait manqué en 2013.