mercredi 10 août 2016

L'eloge de la lenteur ... et de la patience

On dit souvent que le voyage à vélo est l'éloge de la lenteur. C'est d'autant plus vrai pour passer la route du PAMIR.
L'état des pistes, le dénivelé, l'altitude, le manque d'oxygène, le froid, le vent, la tourista du voyageur, ... m'obligent à avancer lentement, avec patience et une moyenne de 8-10-12km/h, et ceci malgré 6-8h de vélo par jour. J'avance de 50 km/jour, mais la lenteur à cette vertu de me laisser contempler des paysages absolument GRANDIOSE, FABULEUX, EXTRAORDINAIRE !!! C'est avec le sud de la Bolivie et le désert de NAMIBIE mes plus beaux coins de désert, que j'ai eu la chance de visiter.
 De Khorog, j'ai pris l'option du Corridor de Wakhan. Je le longe avec, à ma gauche les sommets enneigés Tadjik de +7000m (Pic Engels, Pic Karl Marx), à ma droite la rivière servant de frontière avec l'Afghanistan et tout en arrière-plan les sommets enneigés de +6000m du Pakistan.
De LANGAR, je remonte sur la route principale M41 avec encore des paysages fabuleux, les lacs d'altitude et une piste qui serpente entre les collines. Ce passage est un de mes plus beaux coins.
Une fois sur la M41, je continue à me régaler entre Alichur et Murgab. Je me régale d'autant que la route est goudronnée et je peux enfin lever sereinement la tête de mon guidon et des deux mètres de piste qui se trouvent devant mes roues, pour contempler les belles couleurs de ces montagne arides.

A Murgab, je me lance vers le sommet de la PAMIR Highway, avec le passage du col Ak-Baital à 4655m. Nous sommes plusieurs cyclo-randonneurs à faire cette route. Nous sommes tous au PAMIR Hôtel de Murgab, et partons presque ensemble et chacun à son rythme de voyageur. Durant les prochains jours, nous allons nous retrouver le soir pour un bivouac ensemble, ou dans une yourte pour un Thé-Pain, ou dans la même GuestHouse. On s'informe des avancées des uns et des autres et on se retrouve tous (ou presque) à OSH dans la même auberge (TES GuestHouse) pour un débriefing géant autour d'une(s) bière(s), bien méritée(s). On a vraiment le sentiment d’appartenir à la même aventure, à la même communauté.

Ce passage de Murgab et Osh offre de meilleures conditions de pistes que le Corridor de Wakhan, mais l'altitude donne du mal, avec un coup de froid sur les bronches et la gorge, une montée de fièvre mais aucun signe du mal de montagne. La montée progressive et en douceur a été bénéfique et salvatrice.
Les paysages restent grandioses, surtout les couleurs du Lac de Karakul, d'un bleu vif sur fond de barrière de montagnes enneigées

Sur la route, je croise aussi d'autres cyclo-randonneurs qui viennent de OSH vers Murgab et entre autre une belle et heureuse surprise. Je rencontre dans le no-man's land de 20km, entre les 2 frontières Tadjiks/Kirghiz, le couple du projet "le vélo de la soie" ... ce sont les gagnants du Concours CYCLABLE et moi, leur dauphin !!! on s'était contacté avant nos départs, mais finalement de se croiser dans ce no-man's land est presque improbable !!! On est reste une bonne 1/2h à parler et on garde contact pour échanger sur nos voyages et projets respectifs, après nos retours en France.

Maintenant que je suis sur OSH, je peux faire le décompte de mes 10 sommets franchis.
Et ceux qui sont en manque de chiffres pour le prochain loto, je leur donne une source d'inspiration :
1er col. Nurek = 1584m
2eme col Shar Shar = 2185m
3eme col Shuraobad = 2267m
4eme col Kargush = 4344m
5eme col Naizatach = 4137m
6eme col AK Baital = 4655m
7eme col Kysyl Art = 4282m
8eme col "40 ans du Kirghistan" = 3568m
9eme col Taldyk = 3615m
10eme Chyrchysk = 2408m
... (il me reste encore 2 cols a 3000m au Kirghizstan)

Coté santé, vous avez compris que j'ai pris froid en hauteur, comme tous les cyclistes. On transpire en montée, on a froid en descente et même si on se couvre bien on se fait piéger en respirant l'air froid.
On prend aussi plus d'UV et de coup de chaud/soleil car la protection UV est moindre à 4000m ... bref, on a tous les bronches et la gorge prise, un coup de chaud/froid et pour se réhydrater ce n’est pas facile de boire de l'eau glaciale avec la gorge en feu !!
Mais, vous avez aussi note que le pire fut la Tourista ... un épisode tous les 2-3 nuits et un stop obligatoire de 1 jour à ALICHUR pour passer un épisode un peu plus pénible de 3nuits/2jours en continu.
Pour l'hygiène de base, le Tadjikistan est une catastrophe et rarement vu de telles erreurs basiques d'hygiène, comme placer les toilettes au-dessus des rivières, laver les boyaux des bêtes dans les cours d’eau où 300-500m en aval tout le village se sert en eau pour les usages quotidiens !!! sans parler de l'état de propreté de ces dites "toilettes", le peu d'usage de savon ... bref, tout le monde y passe avec plus ou moins de douleur et de durée !!!

L'hospitalité exceptionnelle et la gentillesse Kirghiz est toujours là et bien présente, même si j'ai pu constater quelques petits changements à l'approche des routes touristes, comme vers Khorog et Murgab.

En voyageant sur ces routes perdues (en été), j'ai vite compris la difficulté de vivre dans ces coins austères. J'imagine les conditions de vie en hiver, sur des routes impraticables, par -40°C avec des mètres de neige et du vent glacial, et d'avoir comme seul chauffage de la bouse de Yak séchées. Il n'y a pas de foret et d'arbre qui poussent sur ces montagnes pour offrir un combustible performant.

Bémol de ce voyage pour l'instant, c'est le blocage de la langue. Impossible pour moi d'échanger avec les locaux qui ne parlent pas l'anglais et moins pas un seul mot de russe. C'est véritablement frustrant, d'être invite au Thé et ne pas sortir un mot, sauf d'échanger par mimes et gestes ...

Question vélo, il se porte bien. 2 crevaisons au compteur. Presque une aubaine, tellement les routes étaient défoncées. Sur la 2eme crevaison, j'ai profité pour basculer l'enveloppe arrière à l'avant, car l'usure s'accélérait, due à la charge des bagages et les pistes abrasives.
Je viens à l'instant de constater une micro fissure, sans gravité, sur ma jante arrière. Je vais surveiller cela, mais normalement sans conséquence pour rejoindre Bichkek. C'est un peu le point faible de mon vélo, d'avoir des roues de 700mm pour passer les pistes cassantes, mais à l'inverse ça roule mieux sur le bitume. Pour le reste, il est en forme et surtout en comparant les dégâts sur les autres vélos des copains (fissures moyeux, casse porte-bagages, Pneu exploses, ...)

A suivre :
Je descends sur Bichkek, en 12 jours, pour y être le 23Aout avec un avion dans la nuit du 25-26 Aout.
Je calcule le meilleur itinéraire et le meilleur état de la route. Je garde 2-3 jours de relâche avant d'arrivée sur Bichkek.

Vie du Blog :
Décision irrévocable : aucune photo !!! J'ai aucune confiance aux cyber-cafés d'ici !!! et je me mordrai les doigts de prendre un virus sur mes cartes photos, surtout à 15j d'attente. Mais je sais que c'est frustrant de parler de décor GRANDIOSE et de ne pas montrer une seule photo ... d'autant que la plupart de vous, aller les découvrir à la fin de vos vacances et le retour au travail !!! petit supplice en perspective !!!






2 commentaires:

  1. Hello Philippe !
    Le périple continu, tu morfles un peu au niveau santé, soignes toi bien autant que possible ! Tu as raison, frustrant de ne pas pouvoir contempler ce que tes yeux découvrent, je patienterai jusqu'au retour...Merci pour ce récite détaillé, c'est cool !
    A+

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  2. Salut Philippe,
    Merci de nous donner des nouvelles de ton périple, ton récit nous montre toute la passion que tu as de ses voyages et nous donne vraiment envie de découvrir les photos.
    à bientôt,
    Charlie

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