Me voici encore à la sortie d’une semaine au
bout du monde, coupé des actualités internationales et françaises. J’apprends à
l’instant que Florence Cassez vient d’être libérée.
Après le dernier billet, j’ai finalement
opté pour rejoindre St louis par Taxi 7 places (une 505 break d’au moins 40
ans). Je voulais vraiment faire le parc Djoudj et voir St Louis.
Pas déçu du parc Djoudj. C’est un des parcs
d’oiseaux les plus importants au monde (le 3eme) et offre une belle panoplie d’oiseaux
migrateurs en hivernage au sénégal : pélicans, divers échassiers, flamants
roses, … et autres varans et Boas. Une émotion particulière pour le vol des
pélicans, d’une impression de légèreté, de souplesse … comme quoi, on peut
paraitre lourd et empoté mais garder une certaine grâce à se mouvoir … !!! (ca,
c’est dit)
Pour la ville de St Louis, il est dommage
de voir autant de détritus à l’air libre, en bord de rivière et mer, car ça
donne une mauvaise image de la ville, qui part son passé possède de belles
demeures de style colonial et pourrait être mieux mise en valeur.
Retour par minibus 18 places, à Thiès qui
est une ville étape aux carrefours des routes de l’EST-OUEST et Nord-SUD.
Je descends vers le sud et la petite côte,
avec escale à Nianing.
Je poursuis ensuite sur l’ile de FADIOUT, qui
est connu pour être l’ile aux coquillages. Soit disant, construite « entièrement »
de coquillage (j’en ai des doutes quand même) et qui a beaucoup de charme, même
si les cochons et moutons pataugent dans l’eau. (C’est moins bucolique que les
reportages TV que l’on peut voir). Le tout dans une tranquillité et un accueil
sympathique des habitants qui invitent au thé, bien agréable après les
sollicitations pesantes des « antiquaires » (vendeurs de souvenirs)
de Nianing, St Louis et DAKAR.
Et ainsi, commence l’immersion vers un profond
Sénégal. En regardant la CAN à la TV du bistrot je fais connaissance avec
Pascal, un guide local, qui me pistonne pour un hébergement chez son copain
Ibrahim à Djifère, à la pointe du Sine-Saloum.
J’arrivele lendemain chez Ibrahim, après
40km de belles images de pistes rouges et lacs salés, et lui-même me pistonne
pour un plan afin de rejoindre la Gambie avec une pirogue sans reprendre la
route et devoir contourner le Delta par kaolack. Voilà un bon plan, qui m’économise
3-4 jours de vélo et 150-180km env. mais il faut le faire en 2 jours avec une
escale à Bétanti, qui n’est joignable qu’à marée haute. Ok, c’est parti…
Je reste quand même 2 jours sur Djiféré et je
suis hébergé avec 3 français qui passent 6 mois d’hiver sur Djifère et
travaillent les mois d’été sur les marchés du Sud de la France. Je retrouve un
petit coin de France et ses traditions avec l’invitation à l’apéro, pour lequel
j’ouvre la boite de paté Henaff que j’avais en provision de bord… et comme me disent
les 3 gaziers : « Du Henaff au Sénégal, c’est mieux que du
caviar !!! » (je ne l’invente pas !!!)
Pas d’électricité sur Djifère. Les
autorités ne veulent pas y investir car ils jugent le village condamné par la
montée des océans. Les raz de marée de 1985/87,qui ont fait perdre 900m de
digue, en témoignent. Par contre, il existe quand même quelques panneaux
solaires et groupes électrogènes pour subvenir aux besoins pressants, c’est-à-dire
… recharger les téléphones portables, et suivre la CAN sur la TV de la salle de
projection du village.
Jour J, pour partir vers la Gambie. 1er
trajet vers Bétanti, sur une pirogue qui prend l’eau de toute part. Ce ne sont
pas des infiltrations mais bien des voies d’eau, je croise les doigts pour que
le mousse qui écope, ne faiblit pas et garde le rythme pendant les 2h de la
traversée et nous arrivons à la nuit tombante sur Bétanti, avec hébergement
chez l’habitant. (proprio de la pirogue).
2eme étape, le lendemain matin. Réveil à
4h15, et départ à 5h00 à marée haute. Très bien !!! La pirogue, part donc à 7h15 et non plus en Gambie (à Barra) mais au
Sénégal (à Missira), car on m’explique que la pirogue de Gambie ne partira pas
ce matin et peut-être seulement cet après-midi, mais que pour moi c’est mieux
d’aller à Missira… Bon, OK alors, maintenant que je me suis levé et que je suis
dans la pirogue !!! Cela dit, ça me permet de me faire une belle virée
dans l’intérieur du Sine Saloum au soleil levant. Rien que cela valait un levée
matinal
En débarquant à Missira, 2 personnes
différentes (sans se concerter) me déconseillent de prendre mon vélo, sur les
petites pistes, à cause des ‘truands’. Compte tenu, qu’en plus ce sont des pistes de sables, il est donc plus
sage de rejoindre Karang, à la frontière Gambienne, en taxi-Brousse.
Une fois passée, assez facilement les
obligations douanières et reçu un grand « GOOOOD MOOOORNING » du
douanier. « Good Morning Gambia », je reprends donc la route sur mon
bolide (plus de doute sur la chambre à air)
Après 5km d’une belle route et d’une belle
allure, je me retrouve à un barrage routier. Je me fais arrêter, alors que je
ne l’étais jamais au Sénégal. 1er intervenant habillé en civil, pour
un contrôle du visa. OK, tout va bien. 2eme intervenant, un jeune et toujours
en civil, pour contrôle de stupéfiant et recherche de drogue. Et, c’est parti
pour la fouille de l’ensemble de mes bagages. Boites après boites, plaquettes
après plaquettes, trousses de toilettes, trousse à pharmacie, à la recherche de
petites pilules, gélules et de médicaments illicites. Il tombe sur LOPERAMIDE
et DOMPERIDONE, pour lesquelles il me dit : «for that, you need
prescription or you arrest »… Pas le moment de la déconne, j’ai bien saisi
le sens de la phrase… et … Heureusement, que j’avais avec moi l’ordonnance du
Docteur Lautridou, faite la veille du départ à 21h… « au cas où…» et c’est
vrai que les Affaires Etrangères le précisent dans leur site internet qu’en
Gambie ils ne plaisantent pas avec les médicaments sans ordonnance. Même si par
moment, les Aff-Etr ont tendance à forcer sur leurs conseils, sur ce cas
présent ils ont vu juste.
Finalement, passé les 45-50 minutes de
fouille, je reprends mon vélo et direction Banjul. Je dois admettre que les
kilomètres qui ont suivi, j’avais bien les mains sur le guidon mais la tête
ailleurs, dans mes pensées. Sans cette ordonnance, c’est sûr que j’allais vers
de belles et grosses emmerdes, façon XXL, et se dire qu’un voyage et un tel
projet se joue parfois (ou souvent) à des détails et des préparatifs à ne pas
louper, et cette fois le couperet n’est pas passé loin, à une ordonnance oubliée,
perdue, chiffonnée, mouillée, illisible ...
Et donc, me voilà en Gambie, après 20 jours
de Sénégal, avec de bons souvenirs de paysages, d’oiseaux, de belles rencontres
avec Abdulaï, Pascal, Ibrahim, de la gentillesse, des sourires, des
« toubab » criés par les enfants à chaque village, de belles tranches
de vies africaines… et j’oublierai facilement les antiquaires, le plateau de
Dakar.
Au prochain billet, je tacherai de faire un
petit bilan après le 1er mois et peut-être une belle surprise, aussi.
PS : notez que je n'ai pas fait mention de la meteo au senegal, par courtoisie pour le foid que vous avez !!!
PS : notez que je n'ai pas fait mention de la meteo au senegal, par courtoisie pour le foid que vous avez !!!