Pour descendre vers le sud de la Tanzanie,
j’ai dû composer avec les 2 dernières « phrases du moment » que
j’avais choisies.Les routes comme les boites de chocolats et y aller Pole-Pole.
Pour rejoindre Dodoma, je vois sur ma carte
Michelin : Rouge avec tirait, traduit par « route prioritaire, partiellementaméliorée »
… c’est donc à ma grande surprise, que j’ai pris dans les cuisses, 260km de
pistes pour y aller et 220km pour repartir de la capitale (mince quand même…
c’est la route pour la capitale !!!). J’ai tout testé : les pistes bonnes,
moins bonnes, bosselée, en travaux, sables, cailloux, et en plus de cela 3 cols
à passer sur la même étape de Babati à Kongoa… !!! je suis resté à Kongoa pour
un jour de repos.
Mais la contrepartie est d’avoir retrouvé
la gentillesse des tanzaniens, à l’égal de celles des ougandais, et que j’avais
perdu sur les routes touristiques du Serengeti-Moshi-Arusha-Tanrangire. Maintenant,
les « Jambo – Mambo » ont majoritairement remplacés les « give
money - bag – sweet ».
Et chaque fois, c’était un accueillant
chaleureux (parfois limite hystérique !) sur les bords de route, dans les
villages, pour la pause de midi ou l’hébergement du soir.
Il y a plus de photos des locaux dans le
classeur « Tanzanie-2 » que dans le « 1 ». C’est un signe
qui ne trompe pas.
Je finis la Tanzanie, où j’ai pris plaisir
à y revenir et (re)découvrir de nouveaux paysages si différents, ceux de bords
de Mer (lac Victoria à Mwanza), des parcs nationaux, la très haute montagne
(Kili, Meru), les grandes espaces arides et vallonnées du centre (vers Dodoma),
puis le retour à la montagne verdoyante (Sud du Pays)
La bascule à Mi-Parcours
C’est déjà la mi-parcours, le moment de la
bascule vers les 6 prochains mois et si en France l’hiver froid et le printemps
pluvieux (et inversement) ont été longs, pour moi ils sont passés très-très rapidement…
Bilan à chaud des 6 mois.
- La santé : RAS !!! Page blanche
… et pourvu que ça dure, ça reste mon 1ersouhait pour les 6
prochains mois.
- Les formes :
·
forme olympique. J’ai commencé
doucement sur le Sénégal, tranquillement sur Bissau, quasi arrêté à Conakry,
j’ai accéléré en Sierra-Leone et depuis l’Ouganda & Tanzanie j’ai la grosse caisse
en empilant les kilomètres.
Je m’étonne même parfois
d’avoir claqué 70-80km dans la journée, avec la fraicheur d’une fleur au
printemps (… j'ai ose la faire,
celle-là !!! et même pas peur …)
·
forme ventrale. Et pour VK, j’ai
enfin ta réponse : environ 12 kg perdus en 5 mois (fin Mai)… J’ai le
best-seller des « régimes été-2014 » en préparation : cuisine à l’huile
de palme, soda, bière, biscuits, frites-ketchup, riz midi&soir, soupe au
gras de viande (tellement grasse que je prends un Coca pour dégraisser le
palet) … et surtout , oui surtout, une moyenne de 35-40km de vélo par
jour, sous 25-40°C et 5-6L d’eau/jour !!! alors ?
- mes journées :
Une constante et une nécessité, prendre la
route le matin et jamais commencer l’après-midi. Faire de sorte de trouver son
point de chute avant 16-17h le soir, voir 18h au max si le coup est assuré. (la
nuit tombe en 15min vers 19h). Et si le programme de la journée est chargé,
prendre la route aux premiers rayons de soleil … et en plus les couleurs de l’Afrique
au petit matin, c’est beau … juste beau !!!
- les routes.
3 critèresimportants, pour estimer la
journée de vélo:
En 1 : l’état de la route. Entre une piste
de pierre-sable, voie bitumée ou routes neuves… ce n’est vraiment pas la même
journée à vivre.
En 2 : la météo, et surtout le vent.
Quand il souffle de face, c’estdu matin au soir, usant et fatiguant. Et sur
piste je prends poussières en plus. Par chance, je n’ai pas eu à subir la pluie
et le froid.
En 3 : le relief, même si j’ai pris de
bons cols ou belles pentes, ce n’est pas le plus difficile. Il faut prendre son
temps, s’arrêter quand les jambes le demandent et se dire que si ça monte, tôt
ou tard, ça finira par descendre même si c’est dans 2-3 jours, ou une semaine.
Je suis à peu près à 5500km en 6 moispour
une moyenne de 15,5 à 16km/h, ce qui est plutôt dans ma moyenne estimée au
départ, mais la 2nd partie sera plus relevée
·
Plus longue étape en distance
: 124km (Tanzanie : Karatu –Kisongo en 8h10)
·
Plus longue étape en temps :
8h30 (Tanzanie : Babati-Kondoa, sur 105km de piste de sable et en travaux)
·
Moyenne la plus faible : 7,4
km/h … une après-midi à pousser le vélo sur les collines de Bwindi, alorsque le
matin j’avais monté le vélo + bagages sur les flancs de colline, avec l’aide de
mes 2 porteurs. Plus de jus dans les cuisses.
·
Moyenne la plus élévée : 23,2
km/h. (Tanzanie : Tukuyu–Kiela, sur 55km). Profil descendant sur 35km, et
plat sur les 20km restants, et un bon revêtement de route. Un régal !!!...
- La vie africaine.
Beaucoup à écrire sur la vie africaine. Je
prends 2-3 sujetsquand même.
·
Tout se passe au temps présent.
Les africains ne parlent que très rarement de leur passé et surtout pour une
majorité(précision : une majorité et
non la totalité) ils n’ont pas de notion du futur, de ce qu’ils vont faire
dans 3 jours, 1 semaine, 1 mois …
En témoigne, une
conversation avec Victor, l’intendant de l’orphelinat à Kagadi. Je les quitte
le vendredi matinet les élèves rentrent également dans leur village ce même vendredi
et banalement je lui demande le jeudi soir ce qu’il pense faire et comment il
occupera sa semaine prochaine, sans les élèves … à voir son visage, j’ai
compris que j’avais posé une question venu d’ailleurs, la question improbable… « que
faire la semaine prochaine !!! »
Et tout se
retrouve dans la notion de « vie au jour - le jour ». La réparation
du vélo, l’essentiel c’est de réparer aujourd’hui et si demain ou après-demain ça
casse de nouveau et bien tu reviendras et on recommencera !!!... et tellement
d’autres exemplesà vivre au quotidien …
·
Autre chose qui m’épatent encore
après 6 mois. Ce sont les charges que les africaines peuvent porter sur leur
tête et avec une telle facilité apparente.
Elles sont capables de porter des bidons d’eau de 20L sur la tête, le
bébé dans le dos et 1 sac dans chaque main, le tout sans aucune trace de
souffrance sur le visage … j’en suis toujours stupéfait, ça défie les lois de
la pesanteur et de l’équilibre !!! et en 6 mois, je n’ai pas vu un seul
objet tombé !!!
·
Et enfin, la Chine … oui la Chine
en Afrique. Au moment où j’entends quelques discussions sur RFI concernant la
Francafrique, la réalité du terrain a (pour
moi)déjà clos le débat. C’estbien la CHINAFRICA... (du moins dans les pays
que j’ai faits, et un peu plus modéré sur Sénégal-Gambie). Ils ont tout et sont
partout : Construction des stades-des routes-des buildings,l’exploitation
des mines, exploitations et bateaux de pêche industrielle à Bissau &
Conacry, et les produits que l’on trouve dans les commerces sont tous « Made
China ». Impossible de trouver une pièce de vélo autre que China (voir
India) … !!!
Impressionnant et
c’est ce que je vois assis sur la selle de vélo, je n’imagine pas ce qui peut se
passer dans les couloirs du pouvoir …
- voyage à vélo
Je ne suis pas déçu, loin de là. Même s’il
faut pédaler plusieurs heures par jour, ça permet surtout de prendre le temps de
vivre pleinement un (mon) voyage en Afrique.
Prendre le temps de voir les paysages, de
s’arrêter facilement au bord de route pour jouer avec les enfants (et souvent
leur faire peur !!!) ou discuter avec les adultes, d’être en prise direct avec
les quelques scènes et modes de vie(s) africaine(s) surtout en traversant les
villages &hameaux ou en prenant les pistes isolées.
Et même si je prends des crevaisons à
répétition (je suis à 11 en 6 mois + 2 valves neuves), le reste du vélo tourne plutôt
bien. Pourvu que ça dure.
- le blog
Tout va bien et je continue à suivre le
vieux conseil d’un ami. Conseil qui date de 2005 mais jamais oublié: « remplir
le blog en racontant mon voyage, et ne pas voyager pour remplir mon
blog ».
J’arrive à le remplir assez régulièrement, sans
trop de mal, ni contrainte.
Merci encore et toujours, à toutes et tous
de le suivre aussi régulièrement et d’apporter vos messages de soutient.ça
vraiment fait plaisir de se savoir suivi aussi régulièrement et motive à
compléter le blog.
- Déceptions :
·
Les villes africaines. Rien à voir
ou à visiter, pas de quartier touristiques ou historiques, peu de chose à y
faire et toutes sont archi-bruyantes, dont la palme revient de loin à Freetown,
après 6 jours je finis sur les nerfs tellement le bruit était insupportable et
continu (jour/nuit)
·
La nourriture. En 6 mois, je n’ai
rien mangé d’extraordinaire, d’original ou typiquement africain. C’est toujours
riz, poulet-poisson-boeuf, bananes cuites. Le 1er repas pris dans un
pays reste le même jusqu’au dernier jour de ce même pays … seule compensation,
les fruits frais sont vraiment super bon, avec un faible pour lesAnanas et
Mangues.
nota : je
vois des cochons sur le bord de route, des patates sur tous les marchés et impossible
de me trouver un Jambon/lard/Patate dans une assiette, ou même un bout de cochonaille!!! le breton est
malheureux loin de sa gastronomie… … et d’ailleurs je me
demande ce qu’ils font de leur cochon ???
A venir :
- demain (25 Juin), je quitte la Tanzanie
et traverse la frontière pour le Malawi vers Lilongwe, soit en longeant le lac
Niassa, soit par les montagnes (dépend de l’état des routes & reliefs), puis
ensuite cap vers Nampula à l’Est de la Mozambique pour rejoindre les iles et
plages de rêves de l’ancienne Mozambique…
Ce sera aussi le mois de transition entre
les montagnes de l’Afrique de l’Est (Nord Malawi) vers l’Afrique Australes (Sud
Malawi-Mozambique).
PS :
Ce billet est plus loin que les autres,
mais « bilan de mi-année » oblige.
Les photos et film de Tanzanie sont bien en
ligne.