Après 3 jours de repos sur OSH, j'avais le choix de partir sur le
centre du pays, vers le lac Song-Kol avec 9 jours de vélo, de la piste et des
cols bien corsés pour rejoindre Bichkek. C'est la route privilégiée par les
cyclo-randonneurs car plus jolie, plus pittoresque et avec des hébergements en
yourtes autour du lac. Mais comme j'avais juste 10 jours devant moi et ne
voulant pas me mettre de contrainte de temps et d'obligation de moyenne kilométriques
par jour, j'ai préfère continuer mon chemin sur la route principale et goudronnée,
la M41, en passant vers l'Est du pays et la vallée qui remonte sur le réservoir
de Toktogul.
Le 1er jour, je
roule avec Tom, un jeune belge sympa (fan du Grand Eddy Merckx)
On avait déjà fait une partie de route ensemble, entre le col AK-BAITAL et OSH.
On avait déjà fait une partie de route ensemble, entre le col AK-BAITAL et OSH.
A Jalal-Abbad, il
part justement sur le lac Song-Kol et moi je reste une journée sur place pour
profiter d'un sanatorium de l'ère soviet. Malheureusement toutes les activités
sont fermées ou abandonnées et c'est une journée sans intérêt. Tant pis, je me
serais quand même reposé avant de reprendre la route le lendemain.
La route est
bonne, même si quelque peu ennuyeuse et les paysages un peu monotones.
Il faut attendre
de longer la frontière avec l'Ouzbékistan, vers Shamaldy, pour trouver un peu
de relief et les paysages bien plus sympas. Je continue à suivre la rivière
avec quelques plans d'eau, servants aux barrages hydro-électriques de la région,
et plusieurs arrêts-photos pour rythmer la journée.
Puis 2eme jour de
repos a Toktogul. J'en profite, car justement le choix de cette route me donne
3 jours d'avance sur mon programme. Et je sais que les prochains jours vont être
costauds.
En effet, juste après
Toktogul, j'attaque mon avant-dernier col " le Ala-Bel Pass" : 3184m
de haut dont 2650m de dénivelé positif, sur les 65km depuis Toktogul. "La
pente est douce mais la route est longue" (ça pourrait être une
"raffarinade", celle-là ... !!! on a les références que l'on peut
...). Et finalement ce col est plus difficile à passer, que je l'imaginais.
D'abord, aucun moment de répit, il me faut pédaler sans discontinu sur les
65km, pas une descente ni même un faux-plat pour me relâcher. Puis ensuite
j'essuie un orage de montagne sur les 20 derniers kilomètres : grêle,
pluie glaçante et vent violent de face. Le col est moins haut que le suivant,
mais il a la réputation d'être bien plus froid. Je le confirme !!!
Arrivé au sommet
je pensais, d'après le Lonely Planet et ma carte, qu'il y avait un hôtel pour passer
la nuit. Faux et raté !!!
Mais, je trouve à
m'héberger chez des nomades kirghizes qui ont leurs campements d'été, avec leurs
troupeaux de chevaux et vaches, au sommet du col. Et là, c'est le Top de
l'immersion chez l'habitant.
Je prends d'abord
le Thé pour essayer de me réchauffer et manger un peu, puis ensuite
j'accompagne l'ainé des fils pour regrouper les chevaux et traire les juments.
Le lait de jument est l'un de leur aliment de base. Ils en boivent comme du
petit lait et en vendent aussi aux automobilistes de passage pour gagner
quelques Somonis.
Le 2ème fils essaie mon vélo, 2 fois trop grand pour lui, pendant que son petit frère lui cours après en criant et rigolant. C'est la fête pour eux, de s'amuser avec mon vélo....
Le soir, je partage le repas dans la roulotte avec toute la famille (perso, j'ai passé mon tour, pour boire le lait de jument...) et je dors dans la yourte qui visiblement sert d'hôtel "clandestin" aux voyageurs perdus ou aux camionneurs tombés en panne dans l'ascension du col ... c'est un super souvenir, un vrai moment de totale authenticité, qui restera un point fort de ce périple.
Le 2ème fils essaie mon vélo, 2 fois trop grand pour lui, pendant que son petit frère lui cours après en criant et rigolant. C'est la fête pour eux, de s'amuser avec mon vélo....
Le soir, je partage le repas dans la roulotte avec toute la famille (perso, j'ai passé mon tour, pour boire le lait de jument...) et je dors dans la yourte qui visiblement sert d'hôtel "clandestin" aux voyageurs perdus ou aux camionneurs tombés en panne dans l'ascension du col ... c'est un super souvenir, un vrai moment de totale authenticité, qui restera un point fort de ce périple.
Le lendemain,
c'est du bonheur. 57km de descente, ciel bleu, pâturages verts, chevaux
galopants dans les plaines kirghizes, petits cours d'eau descendants des monts enneigés
... bref du régal, des paysages et des moments de toute beauté.
Là aussi, j'en profite car le dernier col m'attend ...
Là aussi, j'en profite car le dernier col m'attend ...
C'est le TOR-ASHUU
Pass. Début d'ascension à 2300m environ et le sommet est à 3586m, pour 12km de montée,
avec des virages en épingle et de beaux pourcentage (12%) ..."La route
est tordue et la pente est forte" !!! (2eme "Raffarinade".
Cadeaux, c'est pour le même prix !!!).
Je passe le col
assez bien (2h30 d'effort quand même) avec mon dernier tunnel en guise de cerise
sur le gâteau. Je n’aime toujours pas les tunnels et celui-ci encore moins.
Route défoncée, mal éclairé et tellement étroit que les camions ne sont pas autorisés
à se croiser. Ils attendent à l'entrée du tunnel que le voyant vert les
autorise à passer, quand les camions de l'autre cote sont au rouge.
C'est vraiment
long, un tunnel de 2,5 km !!! Par contre, la descente de 3500m a 1000m
d'altitude sur 45km est passée bien vite !!!
Pour ne pas
reprendre le même orage, comme chaque après-midi depuis 3-4 jours, je pars tôt
le matin. Bon choix, car je passe le col sous le soleil et les nuages sont déjà
menaçants à midi quand j'attaque la descente sur l'autre versant du col.
Le lendemain, je
trouve sur le bord de la route Peter, un allemand déjà rencontré au PAMIR
(jamais vu un cyclo-randonneur aussi charge : 45kg de bagage + le vélo...)
qui lui a pris l'orage et a dû utiliser un camion pour monter le col, passer le tunnel et redescendre. Il était rincé, au sens propre et figure.
qui lui a pris l'orage et a dû utiliser un camion pour monter le col, passer le tunnel et redescendre. Il était rincé, au sens propre et figure.
Enfin, le dernier
jour j'arrive sur Bichkek. Je pensais bien profiter de ces derniers kilomètres
sur le plat, mais finalement la densité de circulation, les camions qui me frôlent
et me serrent sur les bas-côtés de la route, la route bosselée ne me laisseront
pas le temps de savourer mon arrivée sur Bichkek, le Terminus de ces 2319km
depuis Douchanbé.
Voilà, j'ai fini
mon parcours. J'étais venu pour voir les paysages que j'espérais beaux et
surprenants... j'en suis pleinement heureux et comblé. Franchement, ce sont des
endroits grandioses, sauvages et cette perception des grands espaces est
fabuleuse.
Il y a aussi cette
diversité de couleurs et de reliefs, entre les déserts arides du Pamir et les vallées
verdoyantes du Kirghizstan,
Les photos ne
remplaceront jamais le réel, mais j'espère qu'elles donneront une bonne idée de
ces paysages et pourrait peut-être vous donner envie d'y (re)venir.
Je retiens aussi
de ce voyage, la très grande gentillesse, l'accueil et la joie des personnes croisées
sur les bords des routes ou ceux qui m'ont accueilli.
Vraiment, un
accueil exceptionnel, humainement riche et je reste toujours aussi contrarié de
ne pas sortir plus de 3 mots de russes/tadjiks/kirghiz. De mes différents
voyages, j'ai rarement été aussi frustré de cette barrière de la langue car il
y aurait tant à échanger et comprendre de la vie de ces nomades, des Kirghizes,
des Pamiris, des Tadjiks et plus généralement de toutes ces communautés
locales.
Je savais aussi
que ce sera physique. Ça l'a été et bien costaud.
Finalement, sur ce
parcours, on a toute la palette des difficultés du voyage à vélo :
- les pistes
difficiles : sable, cailloux, poussière, un peu de boue ...,
- la grande
altitude et le manque d'oxygène, jusqu'à 4655m, soit à 200m du Mont Blanc et la
2eme route la plus haute du monde.
- les ascensions
de cols : 12 cols au total, dont 4 à +4000m, 4 à +3000m, ...
(PS : pour
comparaison, l'Alpes d'Huez, c'est 700-1800m environ et 12km d'ascension !!!)
- les conditions météo
: vent, pluie, froid sur les hauteurs ... chaleur +35-40°C en plaine.
- le poids des
bagages pour être en autonomie sur plusieurs jours (eau, nourriture)
Un beau challenge
!!! Et pour preuve des calories brulées sur la route, je reviens allégé de
9-10kg environ, pour 5 semaines de vélo ... et ... 3 semaines de Tourista !!!
Pour conclure
et même si je suis encore sur Bichkek, sans avoir trop de recul sur ce voyage,
je sais déjà que ça restera comme un beau et même un très beau voyage, avec
beaucoup de bons souvenirs et d'émotion.
Tous les
composants d'un beau voyage y sont réunis : beauté des paysages, contact
chaleureux avec les locaux, dépaysement garanti, du sportif, ... et
en plus, c'est pas cher !!! (Nb : c'est une info pour mon Leonard ... il verra aussi
que je suis affuté comme un lévrier afghan, avant Athenes Authentic 2016)
Santé :
Tout va bien !!!
plus aucun souci gastrique au Kirghizstan. Aucun trouble musculaire ou
articulaire, en pleine forme.
Je reviens avec
mes 2 mollets entiers !!! ... Qui dit jolis pâturages verdoyants du Kirghizstan,
dit aussi troupeaux de bêtes, mais surtout chiens de bergers qui surveillent et
n'aiment pas du tout voir passer les cyclistes. Depuis OSH, j'ai eu plusieurs
alertes de chiens qui m'ont couru après. Ils sont vifs ces bestiaux !!!
vie du blog
:
Aller encore un
peu de patience !!! je rentre dans quelques jours et je commencerai aussitôt le
tri des centaines de photos. Donc, consultez le blog régulièrement, j'essaierai
de les télécharger rapidement et par étapes : Le Tadjikistan, puis le Pamir,
puis le Kirghizstan.
Je remettrai aussi
un peu d'ordre dans les textes, avec un clavier Français et les accents qui
vont avec.
J'y ajouterai
aussi quelques images pour illustrer les textes, si besoin.
Bien plus tard
dans l'année, j'attaquerai le montage vidéo car je pense revenir avec assez de matière
pour une compilation. Pas de date, mais je tacherai de finir avant les vacances
de Paques 2017, pour le proposer aux classes de CE1-CE2