On dit souvent que le voyage à vélo est l'éloge de la lenteur.
C'est d'autant plus vrai pour passer la route du PAMIR.
L'état des pistes,
le dénivelé, l'altitude, le manque d'oxygène, le froid, le vent, la tourista du
voyageur, ... m'obligent à avancer lentement, avec patience et une moyenne de
8-10-12km/h, et ceci malgré 6-8h de vélo par jour. J'avance de 50 km/jour, mais
la lenteur à cette vertu de me laisser contempler des paysages absolument
GRANDIOSE, FABULEUX, EXTRAORDINAIRE !!! C'est avec le sud de la Bolivie et le désert
de NAMIBIE mes plus beaux coins de désert, que j'ai eu la chance de visiter.
De Khorog, j'ai
pris l'option du Corridor de Wakhan. Je le longe avec, à ma gauche les sommets
enneigés Tadjik de +7000m (Pic Engels, Pic Karl Marx), à ma droite la rivière
servant de frontière avec l'Afghanistan et tout en arrière-plan les sommets
enneigés de +6000m du Pakistan.
De LANGAR, je
remonte sur la route principale M41 avec encore des paysages fabuleux, les lacs
d'altitude et une piste qui serpente entre les collines. Ce passage est un de
mes plus beaux coins.
Une fois sur la
M41, je continue à me régaler entre Alichur et Murgab. Je me régale d'autant
que la route est goudronnée et je peux enfin lever sereinement la tête de mon
guidon et des deux mètres de piste qui se trouvent devant mes roues, pour
contempler les belles couleurs de ces montagne arides.
A Murgab, je me
lance vers le sommet de la PAMIR Highway, avec le passage du col Ak-Baital à
4655m. Nous sommes plusieurs cyclo-randonneurs à faire cette route. Nous sommes
tous au PAMIR Hôtel de Murgab, et partons presque ensemble et chacun à son
rythme de voyageur. Durant les prochains jours, nous allons nous retrouver le
soir pour un bivouac ensemble, ou dans une yourte pour un Thé-Pain, ou dans la même
GuestHouse. On s'informe des avancées des uns et des autres et on se retrouve
tous (ou presque) à OSH dans la même auberge (TES GuestHouse) pour un débriefing
géant autour d'une(s) bière(s), bien méritée(s). On a vraiment le sentiment d’appartenir
à la même aventure, à la même communauté.
Ce passage de Murgab
et Osh offre de meilleures conditions de pistes que le Corridor de Wakhan, mais
l'altitude donne du mal, avec un coup de froid sur les bronches et la gorge,
une montée de fièvre mais aucun signe du mal de montagne. La montée progressive
et en douceur a été bénéfique et salvatrice.
Les paysages
restent grandioses, surtout les couleurs du Lac de Karakul, d'un bleu vif sur
fond de barrière de montagnes enneigées
Sur la route, je
croise aussi d'autres cyclo-randonneurs qui viennent de OSH vers Murgab et
entre autre une belle et heureuse surprise. Je rencontre dans le no-man's land
de 20km, entre les 2 frontières Tadjiks/Kirghiz, le couple du projet "le vélo
de la soie" ... ce sont les gagnants du Concours CYCLABLE et moi, leur
dauphin !!! on s'était contacté avant nos départs, mais finalement de se
croiser dans ce no-man's land est presque improbable !!! On est reste une bonne
1/2h à parler et on garde contact pour échanger sur nos voyages et projets
respectifs, après nos retours en France.
Maintenant que je
suis sur OSH, je peux faire le décompte de mes 10 sommets franchis.
Et ceux qui sont
en manque de chiffres pour le prochain loto, je leur donne une source
d'inspiration :
1er col. Nurek = 1584m
2eme col Shar Shar = 2185m
3eme col Shuraobad = 2267m
4eme col Kargush = 4344m
5eme col Naizatach = 4137m
6eme col AK Baital = 4655m
7eme col Kysyl Art = 4282m
8eme col "40 ans du Kirghistan" = 3568m
9eme col Taldyk = 3615m
10eme Chyrchysk =
2408m
... (il me reste
encore 2 cols a 3000m au Kirghizstan)
Coté santé, vous
avez compris que j'ai pris froid en hauteur, comme tous les cyclistes. On
transpire en montée, on a froid en descente et même si on se couvre bien on se
fait piéger en respirant l'air froid.
On prend aussi
plus d'UV et de coup de chaud/soleil car la protection UV est moindre à 4000m
... bref, on a tous les bronches et la gorge prise, un coup de chaud/froid et
pour se réhydrater ce n’est pas facile de boire de l'eau glaciale avec la gorge
en feu !!
Mais, vous avez
aussi note que le pire fut la Tourista ... un épisode tous les 2-3 nuits et un
stop obligatoire de 1 jour à ALICHUR pour passer un épisode un peu plus pénible
de 3nuits/2jours en continu.
Pour l'hygiène de
base, le Tadjikistan est une catastrophe et rarement vu de telles erreurs
basiques d'hygiène, comme placer les toilettes au-dessus des rivières, laver
les boyaux des bêtes dans les cours d’eau où 300-500m en aval tout le village
se sert en eau pour les usages quotidiens !!! sans parler de l'état de propreté
de ces dites "toilettes", le peu d'usage de savon ... bref, tout le
monde y passe avec plus ou moins de douleur et de durée !!!
L'hospitalité
exceptionnelle et la gentillesse Kirghiz est toujours là et bien présente, même
si j'ai pu constater quelques petits changements à l'approche des routes
touristes, comme vers Khorog et Murgab.
En voyageant sur
ces routes perdues (en été), j'ai vite compris la difficulté de vivre dans ces
coins austères. J'imagine les conditions de vie en hiver, sur des routes
impraticables, par -40°C avec des mètres de neige et du vent glacial, et d'avoir
comme seul chauffage de la bouse de Yak séchées. Il n'y a pas de foret et
d'arbre qui poussent sur ces montagnes pour offrir un combustible performant.
Bémol de ce voyage
pour l'instant, c'est le blocage de la langue. Impossible pour moi d'échanger
avec les locaux qui ne parlent pas l'anglais et moins pas un seul mot de russe.
C'est véritablement frustrant, d'être invite au Thé et ne pas sortir un mot,
sauf d'échanger par mimes et gestes ...
Question vélo, il
se porte bien. 2 crevaisons au compteur. Presque une aubaine, tellement les
routes étaient défoncées. Sur la 2eme crevaison, j'ai profité pour basculer
l'enveloppe arrière à l'avant, car l'usure s'accélérait, due à la charge des
bagages et les pistes abrasives.
Je viens à
l'instant de constater une micro fissure, sans gravité, sur ma jante arrière.
Je vais surveiller cela, mais normalement sans conséquence pour rejoindre Bichkek.
C'est un peu le point faible de mon vélo, d'avoir des roues de 700mm pour
passer les pistes cassantes, mais à l'inverse ça roule mieux sur le bitume.
Pour le reste, il est en forme et surtout en comparant les dégâts sur les
autres vélos des copains (fissures moyeux, casse porte-bagages, Pneu exploses,
...)
A suivre :
Je descends sur Bichkek,
en 12 jours, pour y être le 23Aout avec un avion dans la nuit du 25-26 Aout.
Je calcule le
meilleur itinéraire et le meilleur état de la route. Je garde 2-3 jours de relâche
avant d'arrivée sur Bichkek.
Vie du Blog :
Décision irrévocable
: aucune photo !!! J'ai aucune confiance aux cyber-cafés d'ici !!! et je me mordrai
les doigts de prendre un virus sur mes cartes photos, surtout à 15j d'attente.
Mais je sais que c'est frustrant de parler de décor GRANDIOSE et de ne pas
montrer une seule photo ... d'autant que la plupart de vous, aller les découvrir
à la fin de vos vacances et le retour au travail !!! petit supplice en
perspective !!!
Hello Philippe !
RépondreSupprimerLe périple continu, tu morfles un peu au niveau santé, soignes toi bien autant que possible ! Tu as raison, frustrant de ne pas pouvoir contempler ce que tes yeux découvrent, je patienterai jusqu'au retour...Merci pour ce récite détaillé, c'est cool !
A+
Salut Philippe,
RépondreSupprimerMerci de nous donner des nouvelles de ton périple, ton récit nous montre toute la passion que tu as de ses voyages et nous donne vraiment envie de découvrir les photos.
à bientôt,
Charlie