mardi 5 avril 2022

Sierra Léone. Oui, Sérieusement !!!

Avant propos :

Mise à jour des photos du Sierra Leone dans le lien : SIERRA LEONE

Mise en place d'un traceur sur la carte : Cliquer sur POLARSTEP, ici ou dans la barre de menu.

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Dès le passage de la frontière Guinée/Sierra Leone, le changement est radical.

Les 2 pays sont logés dans le même bâtiment frontalier.

Autant l’accueil est froid coté Guinéen. L’officiel remet en cause le visa présenté sur une feuille volante, tamponnée au recto, au poste d’entrée à Koundara, il a fallu lui montrer l’original sur téléphone, avec l’email du e-visa reçu de l’ambassade de Guinée en France pour le calmer.

Aussitôt passée la porte qui sépare les 2 pays, l’accueil est chaleureux, on me reçoit dans un bureau, le passeport rapidement tamponné, un brin de discussion tranquille et claqué d’un « Welcome to the Honey & Milk Country » (ó bienvenue aux pays des « douceurs »).

Mais déjà sur le parking, une 1ere question du douanier sur ce drapeau HENAFF aux couleurs jaune et bleu qui intrigue. Plus tard sur Freetown, de nouvelles questions pour savoir s’il y a un rapport avec le conflit en Ukraine, et jusqu’à être invectivé par un taxi-moto. Sans comprendre ce qu’il me disait, j’ai bien compris que le drapeau ne lui plaisait pas. Je préfère le retirer et voyager discrètement.

A l’inverse du Sénégal et de la Guinée, dans lesquels j’ai réussi à diversifier le parcours pour éviter de repasser sur mes traces de 2013. Ici, je suis un peu contraint de reprendre la même route car peu d’alternative possible, à la fois pour rejoindre Freetown puis repartir vers le Sud. Cela dit, il y a un brin de plaisir de trouver des routes parfaites, sur les tronçons que j’avais connu en travaux en 2013, comme entre Port-Loko et l’Aéroport de Lungi. Un bonheur d'en profiter et de partager la route avec d'autres amis cyclistes, rentrant de l'école.

Ce qui n’a pas changé, c’est le niveau sonore de Freetown city-center. Je me souvenais de ce bruit énorme, mais je crois qu’ils ont passé le niveau supérieur. Encore plus de moto-taxi qui klaxonne sans arrêt, sans raison !!! … avec en plus le risque de se faire embrocher par un imprudent. A ça, on ajoute les enceintes sonores de 1m de haut, postés devant chaque boutique, qui balancent les décibels. Et une nouveauté depuis 2013, chaque vendeur ambulant s’est équipé d’un mégaphone qui crachent en boucle un message enregistré ! Et les bars / restos prennent le relais jusqu’à 2-3h du mat’, et la circulation reprend à 5h … les nuits sont courtes pour trouver le sommeil !!!

C’est juste Infernal. Quelques jours dans le centre, et j’ai la tête farcie !!!

Malheureusement, je dois rester à Freetown 15 jours pour recevoir mon visa du Libéria. (7 jours ouvrables réglementaires + 2 jours de congé au Liberia + 1 jour en Guinée). J’envisage de partir sur les superbes plages, situées à une vingtaine de kilomètres du centre. Mais sur la route, à la sortie du district, il y a un check-point de la police militaire, susceptible de contrôler les papiers. Avec ma tête de voyageur à vélo, rien d’un expatrié bossant sur place, j’avais toutes les chances d’être contrôlé … et là, j’ai manqué de prévoyance. J’ai toujours une copie du passeport, mais j’ai oublié de faire une copie du visa d’entrée au pays, avec la date de validation. Ça faisait un peu léger, je ne pouvais pas justifier des dates d’entrée/sortie du pays … j’ai préféré assurer et rester dans Freetown Center, mais avec quand même quelques plages à disposition, loin d’être les plus belles … les plus célèbres plages viendront après avoir récupérer le passeport et le visa du Liberia, et qui me permet de poursuivre ma route vers le sud de la Péninsule. 

Les plages de Freetown, sont un peu à l’image du pays, ou même de l’Afrique … le plus beau, comme le plus pollué, un gros potentiel parfois valorisé et souvent totalement négligé.

A quelques centaines de mètres de distance, on trouve du sable blanc, fin, nettoyé, en bord d’hôtel, lodge, restaurant, et puis plus loin des rivières gorgées de sacs et bouteilles plastiques, des décharges sur la plage, des détritus sur le sable, et les poubelles … ha ben non !! pas la trace d’une poubelle, tout se jette à terre !!!

Je passe quelques jours sur ces plages, en essayant de me reposer du bruit du centre-ville, même si constamment sollicité par les jeunes, souvent alcoolisés ou enfumés comme des harengs, qui sont à la recherche de quelques billets facilement gagnés auprès des expatriés et touristes.

Les plages de Freetown ! Ce n'est pas l'image qui vient forcément en pensant à la Sierra-Leone & Freetown... et pourtant !!!

Sussex, Beach N°2, Tokey, Bureh, Kent, etc, ... Plages connues et fréquentées par les fortunes et célébrités internationales (y/c françaises) avant la guerre civile ... maintenant par les expatriés qui exercent sur la Sierra Léone ... et peut-être un jour, le retour des touristes et voyageurs, si vous y pensez et changez d'avis sur la Sierra Leone !!! sans oublier la gentillesse des locaux qui nous accueillent. Peaceful Country, comme ils disent souvent !

J'ai aussi repris la tente, pour trouver des alternatives d'hébergement dans les hôtels de plages, ou comme chez le père de Presley qui gardent une maison "en cours" de construction. L'avantage de la tente, c'est que la chaleur de la nuit est plus supportable qu'en chambre d'hôtel du centre ville. 


et d'autres complexes hôteliers n'ont pas eu l'essor économique attendu.

Je trace la route vers Bô et me rapprocher de la frontière du Liberia.

Je retrouve encore une nouvelle route, parfaite, lisse, neuve, construite par les chinois, présents de plus en plus sur place.

Et c’est là, à 70km de Bô, que je casse le cadre de mon vélo, sur cette belle route ... alors que je m'étais préparé un jour à la subir sur une des nombreuses pistes cassantes, passées sous mes roues ! et bien non, c'est là, où je m'attendais le moins !

J'avais d'abord pensé à un souci d'axe arrière (genre roulement), vu que la roue donnait des signes de voilage, mais quelque part, je préfère ce type de panne qui se répare en 1h, chez le mécano de Scooter du coin de la rue, qui en a vu d'autres ! ... qu'une casse d'axe de roue, 9 vitesses, difficile et presque impossible à trouver dans ce coin de l'Afrique !

La suite dira si la réparation est bonne. On a ajouté une équerre pour consolider la zone resoudée ... Confiance ! confiance !!!

Coup de cœur pour Tiwai island et son « Community Village ».

Avant de passer au Liberia, depuis la route principale je fais un détour de 15 km en empruntant une piste (j’ai hésité, avec mon vélo fraichement réparé … mais il faut le tester !).

J’avais contacté le guide (Alusine) via le N° de téléphone récupéré sur GoogleMaps, pour connaitre les possibilités d’hébergement et d’excursion. Il m’accueille au village, me propose de prendre sa chambre (il ira dormir chez sa femme). Nous mettons en place la journée du lendemain : Marche et découverte de la forêt sur l’ile « sanctuaire » d’animaux pour voir les singes, (Red Colobus, Black&White Colobus, …), les oiseaux de toutes sortes, mais pas d’Hippopotames pygmées (ils sortent essentiellement la nuit). Puis l’après-midi, balade sur le fleuve MOA en pirogue avec une partie de pêche, et croiser quelques chercheurs de Diamants qui extraient le sable et cailloux du fleuve dans l’espoir de trouver la pierre précieuse !!! C’est la région des mines de Diamants. (Pas de photos, sujet sensible ! Par ignorance les jours passés, je me suis fait engueuler en « shootant » un fleuve en passant sur un pont, avec quelques personnes sur le bord de la rivière. Je viens de comprendre que c’était des mineurs de diamants !!! )

C'était une belle journée en pleine nature, loin du bruit des villes de Sierra Léone. Mais au-delà de ces balades, c’est le partage de la vie communautaire qui est marquante. Voir et comprendre la vie de ce village, qui essaie d’améliorer leur quotidien par un développement touristique responsable et humain. Malheureusement en 10 ans, ils ont pris EBOLA, puis l’impact économique du Covid qui a stoppé le tourisme mondial. Les 2 campements de l’ile sont à l’arrêt, le campement du village est détruit (faute d’entretien et de présence). Mais, la communauté veut y croire. Ils projettent de reconstruire leur camp, ajouté un « Entertainment » (sorte de bar & resto, divertissement), construire un quai d’accostage pour les bateaux et rendre plus confortable l’accès à l’ile … Rebondir ! Reconstruire !

En partageant aussi la vie de Alusine et sa femme pendant 2 jours, je devine (sans certitude, mais avec l'expérience), les souffrances de la dernière décennie qui a marqué cette famille et ce village. Ebola a durement touché cette région, au cœur de la zone Guinée, Sierra Leone, Libéria.

C’est sur cette expérience que je finis mon parcours en Sierra Léone.

La Sierra Léone, Alusine, sa famille et son village, et toutes les personnes rencontrées ont en quelques décennies vécu la guerre civile, Ebola, le Covid (impact économique, plus que sanitaire), mais gardent toujours un positivisme, une envie d’avancer, une forme de joie de vivre, et une posture souriante. Et en plus, la nature offre de belles pépites en Sierra Léone. A venir voir sur place.

L'actu du moment :

Ce sont de gros soucis d'approvisionnement en essence, beaucoup de stations sont fermées et de longues files d'attente dans les autres. Ceci est également lié à la disponibilité mondiale et la flambée du prix de l'essence, qui se retrouve également ici. J'ai pu assister à des scènes d'énervement (choses rares ici) dans les stations, ... content de rester à vélo, ne pas prendre une voiture particulière ou même le transport en commun.
Autre conséquence de cette crise de l'essence, c'est à peine 1 à 3 h d'électricité par jour (19h à 21-22h)/ Les centrales et groupes électrogènes tournent au Gasoil. 


Le RESPECT du moment :
Incroyable, quelle aventure et voyage !!! ... et dire qu'aujourd'hui on se pose milles question sur le matériel, vélo, GPS, panneau solaire, téléphone, guide, etc. ... 
Au plus simple 😀 !!! (ne cherchez pas à Googleliser son nom, j'ai rien trouvé !)
Visite du musée de Sierra Leone et je tombe sur un vélo. Je découvre le nom de ce Sierra-Léonais, M. OAFALANI TAYLOR qui a traversé l'Afrique d'Ouest en Est sur ce vélo, en 1962, 1 an après l'indépendance !!! 


2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Hello Philippe,
    J'ai vu un message d'absence sur Teams quand j'ai voulu te faire coucou ! J'ai compris tout de suite donc j'ai recherché ton blog ! L'afrique le retour :) ! Tu pars pour l'année j'imagine. Profites bien !!!!! Je vais te suivre de temps en temps.
    A+ Yann

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